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La préparation du support "BOIS"

Les techniques et le matériel dans le domaine de la peinture à l'huile

Modérateur: Equipe Aquabel

La préparation du support "BOIS"

Message par Le Peintre » Ven 02 Jan 2015, 18:53

Bonjour

Je vais aborder ici un point très précis et trop souvent passé au rayon des accessoires. Si pas tout simplement négligé. La préparation du support sur lequel je vais peindre. Il faut apporter un grand soin et une grande rigueur à la préparation du support sur lequel nous allons créer. L'oeuvre pourra ainsi s'inscrire dans la durée. Chaque erreur aura une répercusion sur les couches supérieures.

J'aime peindre sur bois. Le bois est une matière noble, vivante et fort séduisante. Il est très important de prendre soin de la surface de bois sur laquelle nous allons travailler. Les peintures diluées à l'huile nécessitent un support préparé en conséquence. Les huiles, surtout cuites, sont très acides. Quelle que soit la qualité première du bois, ne pas protéger sa surface des acidités de ces huiles, condamnerait l'oeuvre qui y serait apposée à plus ou moins court terme.

Je choisi souvent un okoumé de qualité "Marine". L'okoumé, de la famille des accacias, est un excellent support. Il ne sert pas seulement à la menuiserie et à la décoration, Ce bois dur présente une robustesse et une solidité sans pareils pour les fonctions et les utilités qui lui sont demandés. Il serait donc dommage de s'en priver pour nos créations picturales.

Il m'arrive de peinde sur du bois de chêne, du bois de peuplier et même sur du bois de hêtre. Dans tous les cas, je préfère que ces bois soient "multi-plis". Les croisements perpendiculaires des fibres permettent l'assurance absolue d'une stabilité totale. S'inscrivant dans la durée. Je donne toujours préférence à de petits formats. 3F, 4F, maximum 5F. Une assurance supplémentaire. Mais une fois correctement préparé, les essences du support choisi n'ont plus aucune importance.

Je ponce mon support sur les deux faces afin de les rendre lisses et propres. Avec de la colle de peau chaude, je procède à l'encollage. Six couches sur chaque face. Je prépare à chaque fois une dizaine de supports, de préférence durant les journées humides de mars ou d'avril. Le taux hygrométrique a une certaine importance. Entre 45 % et 65 % est l'idéal. Ainsi, je passe deux à trois heures à ce travail important pour mon travail futur.

Les couches de colle de peau sêchent rapidement. Lorsque j'arrive au dizième support, le premier est déjà sec. Il faut procéder couche par couche sur chaque face. Laisser sêcher chaque couche. Il faut toujours appliquer la même substance des deux côtés des supports en bois. Cela équilibre les tensions importantes de la colle de peau de lapin (Totin).

Lorsque l'encollage est terminé, je procède à l'enduction. Dans un bocal de colle de peu chaude, il y a un pourcentage de blanc de Meudon (Craie blanche). Je reviendrais dans un prochain chapitre sur cette préparation très simple. Je commence l'enduction, couche par couche, un support après l'autre. Arrivé au dizième, je reviens au premier et, après l'avoir retourné, je procède à l'enduction de l'autre face.

C'est un "Gesso" naturel d'une qualité et d'une solidité incomparable. Cette enduction traversera les siècles sans s'altérer.
Lorsque mes dix supports sont enduits sur les deux faces, de six couches chacune, je choisi la plus belle surface de chacun d'entre eux. Il est inévitable que le bois, sous la tension des colles, présente une certaine courbure. Je choisi alors le côté convexe pour réaliser mon tableau. Les supports reprendront leurs planitudes par retour du temps sec. Et ne bougeront plus jamais..

Avec du papier à poncer, je ponce la surface choisie jusqu'à obtenir le poli de l'ivoire. Cette surface sera dure comme de la pierre. On peut donc choisir d'utiliser une ponceuse thermique pour aller plus vite. On terminera le travail de polissage avec le papier le plus fin "000". Toujours poncer à sec. Car la colle de peau revient en solution si on y applique de l'eau. Cela gâcherait tout de façon irrémédiable.

Sur ces splendides surfaces, lisses comme du marbre, je peux inscrire mon dessin préparatoire comme sur le plus beau papier. Après la couche d'impression qui recouvrira le dessin d'un voile de couleur, le dessin du pinceau me procurera les plus sublimes enchantements. Je pourrai superposer chaque couche avec la certitude que chacune d'entre elle sublimera la précédente.

Cette technique de préparation remonte à la plus haute antiquité. Par contre son application a retrouvé toute sa noblesse à la Renaissance. En effet, la plupart des supports des tableaux, depuis le moyen-âge, sont préparés de cette façon. Lorsque le tableau est terminé, il est bon de passer une couche légère et très diluée, de peinture à l'huile, à l'arrière du support. Et sur les côtés. Une fois sêche, c'est une bonne idée d'y passer une couche de vernis à retoucher. Ainsi, le bois, ne sera plus jamais en contact avec l'oxygène, le carbonne et l'hydrogène de l'air ambiant. Les variations de températures, à moins d'êtres exceptionnelles, n'auront aucune incidence sur la structure profonde du support.

L'essayer, c'est l'adopter...

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Nature morte à la guitare - Huiles sur toile - Format 10-F (55 x 46 cm) - 2010 - Collection particulière
Peindre, oui, certes, mais en peignant.
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